Bourg-en-Bresse

En construction

LES ALLEMANDS PASSENT.....

Les  troupes allemandes déferlent sur la France. Mussolini qui vient le 10 juin de déclarer la guerre à la France, donne rendez-vous à Hitler au cœur de la Savoie qu'il espère conquérir sans problème, sans compter avec l'Armée des Alpes commandée par le général Olry.

Les terrains d'aviation militaires d'Ambérieu et de Bron sont bombardés dès le 10 mai. Début juin, la XVIème  ArmeeKorps du général Hoepner fonce avec ses 3ème et 4ème Panzer vers la vallée de la Saône et le Sud-Est.

Le 16 juin, Bourg est bombardée vers 16 h par trois avions ennemis. La douzaine de bombes lâchées vise nettement la voie ferrée et la gare. Les cibles touchées ont été principalement la Tréfilerie où un atelier est détruit, la maison Collomb rue Jean Jaurès, la maison Blanchet faubourg de Lyon, les ateliers Terreau et Blanchet à l'angle de l'avenue du Mail et de la rue de la Citadelle.

Le bilan de ce bombardement est de 13 morts : 6 militaires, 5 civils et 2 personnes non identifiées. Près de 25 blessés légers ont été soignés (le Journal de l'Ain, 26 juin 1940).

Après cet épisode meurtrier, la ville se vide de la moitié de sa population. L'exode des civils est suivi de celui des militaires, contraints d'évacuer vers le centre et le sud de la France.

Le 19 juin 1940, le préfet de l’Ain déclare Bourg ville ouverte.

Les Allemands sont entrés dans Bourg-en-Bresse ce mercredi vers 9 h du matin. Ils ne font  que passer sans occuper massivement les lieux. Aucun incident n'a été signalé.

L'effectif estimé des Allemands et de 1200 à 1500 hommes. La colonne se scinde en deux: une partie va en direction de Pont d'Ain, Ambérieu et Belley, l'autre en direction de Nantua et Bellegarde.  

 

BOURG S'EVEILLE - CREATION DE L' ARMEE SECRETE

Ceux qui refusent la défaite, ceux qui refusent les lois portant sur le statut des juifs, ceux qui refusent la chasse aux sorcières qui excluent les communistes de l’administration, s’indignent d’abord individuellement. Ils se rassemblent avec des amis de même conviction, avec lesquels ils ont un lien : l’armée, le syndicat, le corps médical et autres...

Ces noyaux sont les embryons des futurs Armée Secrète (A.S.) de secteurs crées par le mouvement Combat en novembre 1942. La domination de Combat dans l'Ain est telle que l’organigramme de ces secteurs sera entériné, comme celui désormais de l’A.S des M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance) dans l’Ain à leur création le 26 janvier 1943.

Le Général Charles Delestraint "Vidal", nommé chef national de l’Armée Secrète par le général De Gaulle, nomme dans l'Ain, Bob FORNIER "Virgile", chef départemental de l'A.S . Son adjoint sera Jean PERRET "Homère".

L’état major régional des MUR est établi à Lyon, il gère la région R1 (Rhône-Alpes) et contrôle chaque Chef départemental des MUR, qui, à son tour contrôle les Chefs de secteurs. Chaque secteur crée sont A.S.                    

La réunion constitutive des M.U.R. du département de l’Ain se tient chez Rémond Charvet (dentiste bressan) en mars 1943.

Une dizaine de membres élisent :

Président : René Greuzard de « Libération », militant syndical du M.O.F.

Vice-président : Bob Fornier de « Combat ».

Secrétaire : Henri Germain de « Franc-Tireur ».        

L'Ain est divisé en huit secteurs, qui comportent des organisations de Résistance. Ambérieu, Bellegarde et Oyonnax restent encore indépendants pendant encore de longs mois. Seuls, Bourg, Nantua, le Valromey, la Bresse et les   mbes se structurent dès le début hiérarchiquement avec des groupes d'Armée Secrète.
Le secteur de Bourg (C1), s'étend à Jasseron, Ceyzériat, Lent, Polliat, il est dirigé par Victor ECQUOY "Bernard", où des sixaines et trentaines y sont organisées. Leurs spécialités seront la réception des parachutages et des sabotages, en liaison avec le B.C.R.A. (Section des Opération Aérienne et Maritimes : SOAM). Les directives du BCRA de Londres sont d’organiser cette armée secrète, de la former, de l’armer, mais d’attendre le jour « j » pour agir.

L’A.S. se cantonne dans la diffusion de la presse clandestine, qui prend le nom de ses différents Mouvements.

 

LES CAMPS DE REFRACTAIRES  

La création du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) et son refus de la part des jeunes appelés, entraîne une masse de réfractaires qu'il faut cacher d'abord localement, puis regrouper à distance dans la montagne. L'Armée Secrète (A.S.) composée de sédentaires va se charger de la logistique nécessaire pour les nourrir. Le nombre grandissant de camps de réfractaires oblige le bureau départemental des M.U.R. à rechercher un chef pour encadrer ces camps et les militariser: ce sera Romans. Ainsi naissent les Maquis de l'Ain.

Les responsables de Bourg pour résoudre le problème crée par le camouflage de réfractaires entreprennent de créer un camp. En Mars 1943 Bob Fornier (Virgile) et Raymond Charvet reconnaissent prés de Matafelon, une grotte située au Signal de Chougeat. Le chef de secteur AS, Bernard Ecquoy, et un métallurgiste de Bourg, Perrin militant de « Libération » requis au titre de la Relève, y installe un premier noyau.

En Juin 1943 des jeunes du village de Chavannes sont requis pour le STO. Un noyau de résistants locaux : le docteur Rosette, le garagiste M.Chambon, militant SFIO et de Perrier un communiste les dirigent vers le bois de Rosy dans la montagne de Nivigne. Le secteur de Bourg est en rapport avec des Résistants de Chavannes sur Suran. Ils s’organisent pour soustraire les jeunes au STO, sous l’impulsion de Jean Millet, fils du directeur de l’école. Elie Deschamp un de ses professeurs est aussi un responsable national du mouvement Franc-Tireur.

Ils s’organisent sous l’impulsion de Jean Millet, secondés par les fils du Dr Rosette Marcel et Lucien, son beau-fils Jacques Meynal, Perrin, Maillet, Bouvet, Barbier, Reydelet. Quelques jeunes du village de Saint-Julien et de Montfleur les rejoignent.Ils vivent dans des huttes de branchages, proche d’un point d’eau. En juillet 1943 ils sont une quinzaine. Des réfractaires de Bourg et de Lyon, ainsi qu’un « trop plein » du camp de Chougeat, sont aiguillés vers le Mont Nivigne tout proche. Le camp a pour chef Jacques Meynal.

Le soutien aux réfractaires au S.T.O. qui plongent dans la clandestinité, leur armement par les parachutages alliés et leurs premières actions, vont entraîner les A.S. au-delà de leur mission initiale de propagande, vers l’action directe.

Dés l’automne 1943, le capitaine Romans chef départemental du Maquis devient aussi le chef de l’A.S. départementale.

Dès lors dans ce département, A.S. et Maquis unissent leurs destins. Il contrôle tous les camps du Maquis (à l’exception du 1er bataillon FTP). En opposition avec le bureau départemental des MUR, il est en contact direct avec le service Maquis de l’Etat Major régional. Les AS de secteurs prennent le parti de Romans contre leur bureau.



AU LYCEE LALANDE

La jeunesse scolarisée ou salariée désire agir. Paul Pioda organise à Bourg en Bresse des réunions dans son arrière boutique, avec des jeunes du Lycée Lalande. Sa librairie à Bourg est très fréquentée, avec parmi eux Marcel Thenon et Paul Morin.

La première sixaine des est crée dès octobre 1941. L’impulsion est ainsi donnée. En janvier 42 la première trentaine est sous les ordres de Paul Morin. Marcel Thenon devient le premier responsable de Libération-Sud pour l’Ain. Le 14 juillet 1942, ils organisent une manifestation devant le monument aux morts de Bourg.

Fin 1942, les Forces Unies de la Jeunesse voient le jour lors de la fusion des mouvements de Résistance. Les organisations des jeunes de Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur fusionnent fin 42, Hugues Barange, maître d’internat au Lycée Lalande en devient le premier responsable.

En 1943, les F.U.J. de l’Ain comptent 400 militants, les F.U.J. essaiment à Bellegarde, Nantua, Oyonnax et Belley.

Leur action essentielle est la distribution de la Presse clandestine, mais en mai 43, les F.U.J. dévalisent à deux jours d’intervalle les locaux de l’Office Départemental du Travail, et s’emparent de toutes les fiches de recensement des classes 32 à 42 qu’ils détruisent.

En juin 43 certains touchés par le S.T.O. se regroupent quelques semaines, à la ferme du Mont au-dessus de Nantua.

A la suite d’une dénonciation, la police française procède le 18 juin 1943 aux arrestations à Bourg de Marcel Cochet et Paul Morin. L’organisation est décapitée provisoirement.

Hugues Barange "Micky", devenu entre temps chef national des F.U.J., est arrêté en décembre 1943, puis en juillet 1944. Il est abattu à Génas le 12 juillet 1944 au cours d’une tentative d’évasion.

Paul Pioda à la base de l’engagement résistant des jeunes, est arrêté le 18 juin 43. Incarcéré à Saint-Paul à Lyon puis à la Centrale de Eysses, il est transféré à Compiègne puis déporté à Dachau. Il meurt au camp de Flossenburg le 31 octobre 1944.   

De juin à septembre 1944 les F.U.J. participent au combat de la Libération.

Témoignages: http://www.cndp.fr/lycees-dans-la-resistance/des-lycees-resistants-dans-la-france-occupee/le-lycee-lalande-de-bourg-en-bresse.htm

                    

                                                                                                                                                                                                                                  LES RESEAUX - le B.C.R.A - le S.O.E.

Le BCRA 

Les origines du BCRA remontent à juillet 1940, lorsque le général De Gaulle confie au capitaine André Dewavrin (futur colonel Passy) la direction d'un deuxième bureau d'état-major. Il va se vouer à l'activité de renseignement. Il est officialisé en avril 1941 comme "Service de renseignements". Le BCRA était totalement dépendant des services britanniques, concernant la formation des agents, les liaisons aériennes et les liaisons radios. La volonté du Général de Gaulle de préserver l'indépendance de la France, se heurte à la volonté de Winston Churchill de rester le maître des opérations. Les querelles d'état major ne nuisent pas à la fraternité qui unit les hommes sur le terrain. 

Les premiers membres du BCRA à intervenir dans l'Ain sont Louis- Eugène Mangin, délégué militaire national par intérim, Maurice Bourgès-Maunoury, délégué militaire régional en R1 tout comme Paul Leistenschneider (Carré), venus inspecter les Maquis de l'Ain. Jean Rosenthal (Cantinier) appartenait à la mission interalliée de Richard Heslop (Xavier).  

Les agents du B.C.R.A. qui ont été les plus présents dans l'Ain sont ceux qui dépendaient du S.A.P. (Section Atterrissages et Parachutages) implanté dans la zone sud. Cette organisation fondée à l'origine par Jean Moulin est dirigée par Paul Rivière, secondé par sa secrétaire Geneviève Fassin et son adjoint Jean Triomphe pour la région R1. Les responsables départementaux du S.A.P. pour l'Ain furent successivement Paul Debat, arrêté près d'Artemare le 4 février 1944, mort en déportation. Il fut remplacé par André Lacroix et Serge Lacraz. Il faut aussi citer René Bouvret, opérateur radio de Rivière qui se suicide le 4 janvier 1944, au moment où la Gestapo vient l'arrêter à Hauteville.


 LE S.O.E. "SPECIAL OPERATION EXECUTIVE" 

 Churchill est à l’origine de la création de ce service. Son objet de couvrir l’Europe de réseaux et de « coordonner toutes actions de subversion ou de sabotages, entreprises sur le continent. La Section française, Section F, est dirigée par le colonel Buckmaster, dont le nom est donné parfois aux réseaux SOE en France. En marge de cette section F est créée une structure parallèle: la section RF, avec à sa tête, bien sur le colonnel Buckmaster et André Dewawrin (Passy) pour le B.C.R.A.. Cette section "RF" prend en charge les opérations aériennes, effectuées par une escadrille spéciale (la 161).

Le réseau PIMENTO- Anthony Morris Brooks "Alphonse" pour le S.O.E. et "Tony" en France,chef de mission du S.O.E. est parachuté le 2 juillet 1942 sur Limoges. La mission de  PIMENTO est de rencontrer des syndicalistes, enseignants et des gens de gauche, des groupes qui sont prêts à combattre et à accepter les directives pour le jour « J », venant du Commandement Interallié.                                                                                                                                                                                                                             Le réseau se développe dès 1942 avec l’aide des frères Morandat, dont Yvon, membre du BCRA, premier envoyé du général De Gaulle. Yvon Morandat a été avant Jean Moulin, le premier représentant du Général De Gaulle, envoyé au prés des syndicats et des partis politiques clandestins. De Gaulle veut les rallier à la cause de la France Libre. Sa mission consiste à rallier les syndicalistes et les hommes politique à la cause du Général De Gaulle, elle durera un an, elle débute le 7 novembre 1941. En novembre 1942, Yvon Morandat adhère à Libération SUD, dont il devient membre du comité Directeur. Il rencontre Paul Pioda, et le dirigeant de la CFTC de l’Ain César Monnet. Son frère Henri exploite la ferme familiale et assure le ravitaillement de son frère à Lyon. Yvon demande à Henri de Polliat de se renseigner sur l’existence de groupes de résistants en Bresse, susceptibles de constituer des équipes de réception de parachutages. Les terrains doivent être agrées par la R.A.F..

Pour "Tony" (Brooks): un leitmotiv: pas  de force armée, mais des équipes qui vont ne s’intéresser qu’aux terrains de parachutage qui recevront les explosifs destinés à saboter les chemins de fer. Anthony Brooks et Morandat se rencontrent fin juin 1942, Yvon propose son frère Henri pour rechercher des terrains de parachutage, et son frère Roger qui, en relation avec Résistance-Fer de Lyon peut mettre en place des équipes de sabotage. Yvon demande à son autre frère Roger d’organiser la Résistance-Fer, à Lyon. Ce dernier s’installe avec sa femme Paulette: une parfumerie, à Lyon, rue Récamier est sa couverture.... Roger Morandat est homologué à Londres, comme agent du S.O.E., sous le pseudonyme Martinet, Il contrôle la Zone 1 et 2: elles couvrent la partie du Jura située au sud de l’ancienne Ligne de démarcation, le département de l’Ain et la région couverte par Bellegarde, Culoz, Chambéry et Thonon. Ainsi naît le réseau PIMENTO dans l’Ain, il couvre aussi la région toulousaine. Il est opérationnel dès l’été 1942. Brooks organise  son premier parachutage en présence des frères Morandat, dans la nuit du 26 au 27 octobre 1942 sur le terrain Abricot, situé sur la commune de Polliat. Ses groupes francs sabotent, d’autres réceptionnent les parachutages d’armes et d’explosifs. Certains mêmes font les deux.

Roger Morandat est arrêté le 15 mars 1943, condamné à 18 mois de prison, les Allemands décident de le déporter, ce sera Dachau d’où il sera libéré par les Alliés. Henri Gauthier "Jag" le remplace, c’est un militant actif de Libération-Sud. Ses équipes de réception sont de Polliat, Mézériat et de Pont-de-Veyle. Il en crée d’autres à Coligny avec Henri Groboz et Paul Cribeillet (F.T.P.), à La Cluse avec la famille Ritoux et Lacroix, puis plus tard avec Pierre Marcault "Marco" à Villereversure. JAG ( H. Gauthier) s’assure avec son épouse Colette Lacroix du transport des explosifs vers Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse.

Tony Brooks est surtout intéressé par les explosifs qui alimentent ses équipes de saboteurs. Jag devient le fournisseur en armes de pratiquement toutes les organisations clandestines dans le département.

Parmi les réseaux de renseignements existant dans l'Ain, il faut citer "Gallia", "Phalanx", "Hunter". Ceux-ci disposent de leurs propres chaînes radio et services d'opérations aériennes, parmi eux, il faut citer Marcel Sandeyron, chef du réseau "Azur" qui opère à Pont-de-Vaux."

 

ADMINISTRATION - SECURITE ALLEMANDE

Après l'invasion de la zone sud le 11 novembre 1942, l'administration de l'ancienne zone libre est directement placée sous l'autorité du commandant en chef du front Ouest, le général Von Rundsted. La structure est calquée sur les FK (Feldkommndantur) de l'ancienne zone occupée.

L'Etat major régional est à Lyon les Hauptverbindungsstab 590 et Oberfeldkommandantur 590 sont installées à l'Hôtel Terminus.

L'Etat major de liaison 493 (Verbindungsstab), est installé à Bourg en Bresse, son chef est Oberst Heydrich.

 

LE 11 NOVEMBRE 1943

Dans la nuit du 10 au 11 novembre 1943, malgré les patrouilles allemandes à Bourg-en-Bresse, des hommes d'un corps franc sont parvenus à dresser un buste de Marianne sur le socle de la statue d'Edgar Quinet, récupérée par les Allemands pour les métaux non ferreux. Le piédestal de la statue a été également recouvert d'une inscription tracée à la peinture : « Vive la IVe». Ce coup d'éclat est le fait d' André Levrier "Lévêque", il est chef pour l’Armée secrète du secteur de Bourg-en Bresse. Capitaine de la compagnie Lévêque des maquis de l’Ain, il est tué le 12 juillet 1944 à Saint Germain de Béard (Ain). Participe à l'action: son frère Georges et Paul Chanel " Bresse", responsable des corps francs du secteur de Bourg-en-Bresse et qui dépend directement d’André Lévrier.

« André Lévrier est passé me voir chez moi le 9 ou le 10 novembre 1943 dans la soirée, comme cela lui arrivait assez souvent. Nous étions membres de la même association sportive bressane, " l’Alouette des Gaules" (…). André était un lutteur (en gréco-romaine) de grande qualité, et avait participé à diverses reprises à des compétitions régionales, et même je crois nationales. Il m’a fait part du projet qu’il avait échafaudé pour la nuit du 10 au 11, dans le cadre qui avait été demandé partout en France aux Résistants : manifester pour se faire mieux connaître de la population. Je lui ai bien sûr proposé mes services, mais il les a sagement refusés : " Nous sommes déjà trois, cela suffit ". Et il a rajouté : " Par contre, si tu peux venir le lendemain matin pour photographier le résultat, ce serait bien ". Pour l’heure, pas d’autre projet précis. Je donne mon accord, bien entendu, ayant à ma disposition un appareil Kodak 6½ X 11 et une pellicule d’avance non utilisée. (…) Le 11 novembre enfin, un peu avant 8 heures du matin, j’arrive sur la place, muni de mon appareil photo. Une vingtaine de badauds sont déjà réunis sur le trottoir, observant le spectacle de deux policiers de la ville, juchés sur le socle où ils sont montés pour tenter de desceller (apparemment sans grande insistance) le buste de Marianne, bien fixé semble-t-il sur le socle ! Ils renoncent bientôt et repartent, sans doute pour chercher du renfort ou des moyens techniques plus appropriés ?...Bien sûr, ils reviendront plus tard. Heureusement pour moi : j’ai failli rater ma photo ! Je m’avance au milieu de la place, non sans quelques remarques de la part des badauds, et je tire deux clichés avant de repartir, sans m’attarder davantage. Mais le 11 novembre à 8 heures du matin, à Bourg-en-Bresse, nous n’avons pas songé qu’il fait encore gris et sombre !...D’où la médiocrité des photos. Le spécialiste Bonenséa, contacté, trouve qu’elles sont indignes de l’événement, et propose à Lévrier de composer un montage, et d’en tirer plusieurs exemplaires : c’est ainsi que je récupère mes pellicules ! Je ne sais pas combien de clichés furent tirés du montage, mais bien sûr je les ai vus alors : format d’environ 14 x 17, bien entendu en noir et blanc. Elles seront remises à quelques résistants, en leur demandant de les vendre en sous-main au profit des maquis ; mais ça ne marchera guère : vendeurs et acheteurs éventuels sont prudents, à une époque où " l’attentisme " prime sur l’engagement... Je me souviens pourtant avoir " vendu " les cinq qui m’avaient été remises par Lévrier. »

 Frantz Malassis

 

 

 

 

 

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