La milice est la première force à réagir.
C’est son commandant Raoul Dagostini et non le préfet de l’Ain, qui proclame l’état de siège le 14 juin.
Le préfet de l’Ain Joseph Delpeyrou rapporte le 3 juillet dans un message adressé au préfet régional de Lyon :
‘’ Des l’annonce du débarquement des « Alliés » sur les côtes françaises, les forces de la Résistance tentèrent de se rendre maître du département ; Le 7, la ville de Bourg était encerclée par des forces nombreuses et toutes les communications postales et téléphoniques, ferroviaires et routières étaient interrompues.
Cependant à partir du 15 la situation s’améliorait, les principales routes reliant Bourg à Lyon et Macon étaient déblayées et les liaisons téléphoniques en partie reprises. Dans l’arrondissement du chef lieu, la Dombes et une partie de la Bresse sont dégagées, les attentats sont nombreux (….).
Les communications sont extrêmement précaires : nombreux sabotages sur les voies ferrées, lignes téléphoniques coupées, routes barrées.
Je suis toujours coupé de l’arrondissement de Nantua (le sous préfet est « passé » à la Résistance ndlr) dont je n’ai que de rares nouvelles par ceux qui arrivent à franchir les barrages;j’ai cependant reçu la visite du maire de Bellegarde venu me rendre compte de la présence du Maquis autour de sa ville, et des opérations de police entreprises par les autorités allemandes dans cette région. Pour venir à Bourg, il est passé par les départements de la Haute-Savoie, de la Savoie, de l’Isère et du Rhône. Un poste d’Allemands est à Bellegarde.
En ce qui concerne l’arrondissement de Belley, le sous préfet qui a pu se rendre à la préfecture en passant par les départements limitrophe m’a informé que le Sud de son arrondissement était relativement calme et dégagé; par contre le Nord est toujours tenu par le ‘’maquis’’.
Cependant en ce qui concerne cet arrondissement, les communications n’existent que jusqu’à Ambérieu ou Saint-Rambert. Je n’ai donc aucune relation directe avec la sous préfecture.’’
Vidéo [3'24''] : Insurrection à Chatillon sur Chalaronne, par Maurice Descombles
La rafle du 11 juillet à Bourg par Jérome Croyet, historien
Au lycée Lalande à Bourg en Bresse par Urbain Colletta
A Bourg en Bresse par Jérome Croyet, historien
Les opérations de Vonnas, Mézériat et Châtillon par Jérome Croyet, historien
Toutes ces opérations ont jeté l'opprobre sur la Milice qui avait vu se changer en hostilité, les sentiments de défiance que la population nourrissait contre elle jusque-là. On avait jugé ses opérations peu adroites. On reprochait également à la Milice de n'avoir pas su se concilier les personnes qui eussent été disposées peut être, à la soutenir dans sa lutte contre le désordre : au contraire, dit-on, durant cette période, loin d'attirer à elle ces bonnes volontés, la Milice les aurait éloignés, voire suspectées".
Le 25 juin, les commentaires du préfet sur les opérations de la Milice sont très lacunaires. À l’instar des R.G. de Bourg, le préfet ne semble pas trop préoccupé par les menées miliciennes qui ont pourtant pignons sur rues.
Dans son rapport du 26, les R.G. de Bourg annoncent que le début des opérations de la Milice, qui coïncident avec le débarquement, n'ont fait que renforcer l'attitude combative des partisans et générés l'indignation des "quelques milieux qui . . .ne lui étaient pas défavorables . . . dans la bourgeoisie notamment" qui avec l'ensemble de la population avait déjà été choquée des actions miliciennes contre le maquis des Glyères.
Le 30 juin, trois miliciens abattent et dépouillent deux étudiants de l’École des Arts et Métiers de Cluny à Replonges.
Suite aux rafles furieuses du 6 juin, Dagostini, accompagné de Simide, est demandé à Vichy le 19.
Là, il reçoit "des observations" sur sa conduite et celle des événements des jours précédents.
Au retour, le 27, leur voiture a un accident dans lequel Dagostini est blessé et Simide tué.
De retour à Bourg, Simon prend le commandement de la Milice. Avec lui, comme nous l'avons vu, les objectifs des hommes de Darnand changent. (Jérome Croyet)