A partir d'octobre 1943, chaque fin de semaine, on voit arriver sur le plateau de Retord un groupe nouveau d'une douzaine d'hommes venant de Lyon, guidés par "Marin", responsable des T.S.I. (Troupes spéciales insurrectionnelles). Ils viennent subir une formation accélérée à la lutte armée en milieu urbain. Le vendredi après-midi, ils empruntent le train de Lyon à la Cluse, via Bourg-en-Bresse ; puis le tramway les conduit jusqu'à Brénod.
En pleine Occupation, ce voyage comporte des risques et toutes les précautions sont prises. Arrivés à Brénod, ils sont pris en charge par "Jo", agent de liaison, qui les conduit à pied au Camp de Morez à douze kilomètres. A 21 h, ils découvrent un camp de maquisards et certains retrouvent ici quelques connaissances lyonnaises. Mais la marche reprend bientôt car le groupe est hébergé à la Ferme des Combettes distante de deux kilomètres. Là, ils s'initient à la rude vie des maquisards.
Le samedi matin, après une nuit dans la paille, le réveil est sonné à 7 h. Après une brève toilette en plein air, le café est pris à 7 h 30. Puis, c'est le lever des couleurs commandé par le chef de camp Nicole.. Les cours commencent à 8 h au réfectoire. Pierre Marcault a rôdé son enseignement en été à la Ferme des Gorges, première école des cadres des maquis de l'Ain. Il ne dispose que d'une journée et demie pour donner un maximum d'informations à ces jeunes, alors qu'une dizaine de jours serait nécessaire. En effet, ces Lyonnais doivent effectuer le voyage-retour le dimanche après-midi pour rentrer avant le couvre-feu.
Près de deux cents hommes se succèdent ainsi dans l'Ain entre octobre 1943 et février 1944 : les attaques allemandes font alors cesser ces stages, les derniers ayant lieu à la Ferme du Rupt ) près de Lacoux, camp du groupe franc Marco en janvier 1944.