Le capitaine Romans charge Gabriel Jeanjacquot, d’Oyonnax et Perrotot « Montréal » (chef des maquis du groupement SUD) de créer un nouveau camp pour accueillir des nouvelles recrues et ceux évacués de Siège, prés de Viry, et comme il est prévisible, bien d’autres.
G. Jeanjacquot connait très bien ce coin et en particulier une petite clairière dans laquelle il a joué dans son enfance. Haut perchée au-dessus de la vallée de l’Ain, à quelques kilomètres au sud du camp de Chougeat cette clairière, située au lieu-dit l’Echelle, tant la pente est abrupte, est suffisamment proche d’habitations pour le ravitaillement. De plus les parents de JeanJacquot possèdent une maison au Hameau des Granges, dans la vallée de l'Ain.
Ce camp est crée le 19 septembre 1943, il regroupe bientôt les réfractaires de Catane (Grands Bois d’Illiat) menacés par les gendarmes, ils ont transité en septembre par Chougeat. Ce camp abrite aussi ceux venus, pour les memes raisons du camp de Sièges. Ils logent dans des baraquements en bois.
Le camp de Granges, est dirigé par un sergent d’active de l’armée de l’air, Georges Béna « Michel ».
En septembre 1943, Henri Jaboulay « Belleroche » de l’Etat major régional de Lyon adresse à Romans Georges Béna, sergent d’active dans l’armée de l’air. Ce lorrain hait les occupants, il a connu Jaboulay à la base aérienne de Dijon. Un aviateur, envoie un aviateur à un aviateur...,entrevue avec deux faux employés des P.T.T. (Romans et Belleroche) à Saint-Julien-sur Reyssouze. Ils l’emmènent à Brénod où il est pris en charge par Marius Roche qui l’accompagne à Morez, où il suit, sous les ordres de Marcault (Marco) un stage de 12 jours pour se faire à l’atmosphère de cette nouvelle Arme qu’est le Maquis. L’armée de l’air est une arme récente, composée par des baroudeurs très courageux, mais assez frondeurs, un peu l’esprit « maquis ».
Romans désigne le 20 septembre Georges Béna, « Michel », pour commander le camp de Granges.
"Les Vagabonds de l'Honneur" Pierre-G Jeanjacquot
François Bénézi (Annibal) et Pierre Chassé (Ludo), issus de l’École des cadres du service PERICLES de Lamoura, s’intègrent au camp et prennent chacun la responsabilité d’un groupe. Repéré par les autorités et menacé par les Gardes mobiles de Réserve (GMR), le camp se déplace dans la région de Brénod à la ferme de Pray-Guy 18 décembre 1943.
Les camps du maquis prennent, dès leur premier changement de cantonnement le nom de leur chef. Le camp de Granges devient le Camp Michel, il regroupe une soixantaine d’hommes fin 1943. Ils sont originaires de Bresse, Dombes et de la région d’Oyonnax.
Le camp de Granges, maintenant camp Michel (nouvelle appellation) s'installe à la ferme de Pray Guy, près de Brénod le 18 décembre 1943. Il a comme responsabilité d’assurer la protection du PC, installé à la ferme du Molard à proximité.
L’emplacement de cette ferme est connu des allemands, un agent de la Gestapo s’y est infiltré et vient de quitter le camp sous prétexte de maladie. Une expédition de G.M.R. menée le 26 janvier l’a aussi située approximativement. Les instructions de Perrotot Montréal (ce camp est sous la responsabilité du Groupement Nord) sont clairs : en cas d’attaque, il faut tenir le plus longtemps jusqu’à la nuit puis décrocher, rejoindre le camp de Triage à la ferme du Mont, au-dessus de Nantua.
A l’aube du 5 février, le camp Michel est en prise avec les Allemands (voir Représailles- Dans l'Ain - Opérations allemandes - Opération Korporal - Contre le Maquis)
Aprés avoir crapahuté dans plus de 80 cm de neige, les hommes du camp Michel rejoignent le soir même le camp de Triage au-dessus de Nantua. Ils sont éreintés.
Le samedi 12 février, Jeanne Moirod, agent de liaison de Perrotot les guide d'abord près de Geilles puis dans une feme prés d' Emondeau. Aprés quelques jours de repos, Jeanne emmène le camp Michel à la ferme de Bellevoite prés de Belleydoux, où le camp cantonne. Le camp de triage rejoint le camp de Chougeat.
De Bellevoite le camp Michel participe à de nombreux coups de main et surtout à la réception de nombreux parachutages à la Prairie d' Echallon ou dans les environs. Les armes et le ravitaillement sont cachés et stockés avant d'être répartis entre les autres camps du groupement Nord sous l'autorité du capitaine Noël Perrotot, "Montréal".
Le 3 avril, trois hommes du camp partis en reconnaissance sont tués par les Allemands.
Peu après le camp Michel est attaqué par les GMR (Groupes mobiles de réserve) et les miliciens.
Les hommes du camp Roland installés à peu de distance, attaquent à revers. Postés entre Echallon et Belleydoux, les maquisards prennent sous leur feu les camions et cars des G.M.R. qui demandent un cessez-le feu puis le rompent traîtreusement ; les hommes de "Roland" et "Michel" leur infligent une humiliante défaite.
Le 7 avril 1944 débute une nouvelle grande attaque ennemie, dite "Printemps" (Frühling). Cette fois sans surprise, les hommes partent dans la nuit en application du plan A, mis en place par "Montréal".
Ils quittent Bellevoite incendiée le lendemain et s'installent au Fouget.
Lors de l'Insurrection, la compagnie Michel (nouvelle appellation) dont le chef dirige désormais un sous-groupement, participe de nouveau à la protection du PC à Balvay-Solomiat puis à Izernore.
Lors de l'attaque allemande de Bellegarde du 11 au 14 juin 1944, la compagnie déplore trois morts.
En juillet 1944, lors de l'Opération Treffenfeld, elle se replie en bon ordre à La Pesse près du Crêt de Chalam, non loin de Giron où s'établit le poste de commandement d'Henri Romans-Petit.
Les maquisards reprennent des opérations de guérilla (sabotages, coups de main, embuscades) avant de participer aux combats de la Libération aux Rousses et dans le Haut-Jura aux côtés des Alliés.
Après la Libération, les hommes se reposent à Divonne avant d'être démobilisés ou nombre d'entre eux signe un engagement pour continuer le combat dans l'armée régulière sur le Front des Alpes, sous les ordres de leurs chefs.