En octobre 1943, de Lassus installé à Hotonnes avec ses bucherons, se rend compte que « cela bouge ! ». Venu s’informer à Bourg, il rencontre par hasard Henri Girousse Chabot , les impératifs d’approche passés, ils se découvrent en parfait accord à propos les évènements.
Romans après l’avoir rencontré, lui demande de créer un nouveau camp dans une ferme au nord d’Hotonnes : Pré Carré. Le camp ouvre début novembre.
Le petit groupe, constitué d’une quinzaine d’hommes dirigés par le « père Seigle », est rejoint par trente jeunes recrues, dont Léon Boghosian issues du centre de triage à la ferme du Mont (Nantua). Ils sont cinquante fin 1943.
Léon Boghosian, est un arménien, ancien élève d’un collège de jésuites. Sous officier de la Légion Etrangère, fait prisonnier à Tunis, puis échangé avec d’autres contre des italiens, il est démobilisé. N’ayant aucune attache familiale en France, il ne connaît qu’une adresse, celle d’une famille installée à Bourg, où il se rend.
Il finit par rentrer en contact avec la Résistance grâce à Melle Sommier, infirmière de prison. Il est conduit à la ferme du Mont, le centre de triage.
Là, Boghossian avec pourtant ses 12 ans de Légion ne s’accorde pas bien avec Mystère. Boghossian n’est pas venu ici, estime-t-il pour éplucher des patates, mais pour se battre. Prêt à partir, Chabot vient pour calmer les esprits. Il le charge de prendre la tête d’une trentaine de « triés » et de rejoindre le camp de Pré Carré en formation.
En janvier De Lassus est appelé à d’autres responsabilités dans la Drôme. Au départ de De Lassus, Léon Boghosian et le Père Seigle se partagent les responsabilités du camp. Boghosian à de la peine à faire respecter son autorité entre « les anciens » qui veulent n’en faire qu’à leur tête, et des recrues issues du centre de triage, un peu déboussolées.
Après la menace de les abandonner sur place, avec patience il arrive à instaurer ordre et discipline. Ils le reconnaissent comme chef.
Il forme trois sections : une avec Schneider, lorrain évadé, sous la responsabilité du père Seigle, les deux autres sous sa propre autorité. Ceux qui ont reçu une instruction se répartissent équitablement entre les trois sections.
Avant d’engager ses maquisards dans des actions « improvisées », Boghossian veut affermir ses gars pour qu’une fois prêts, ils puissent affronter l’ennemi.
En janvier 1944, au départ de De Lassus qui chapeautait Morez et Pré Carré (les camps d’Hotonnes), un jeune lieutenant d’active Paul De Vansay "Minet" après une évasion rocambolesque d’un Oflag (80 mètres de tunnel) prend le commandement de ces 2 camps avec Boghossian à la tête de Pré Carré et Grelounaud à la tête de Morez..
Après "un contact" le 2 février à Ruffieu, cette unité est affaiblie, meurtrie par la perte de 7 de ses hommes et la blessure du père Seigle. (Voir Réprésailles -Korporal).
Le 6 février, à l’aube, le village d’ Hotonnes est occupé par les Allemands. Le camp de Pré-Carré, tout proche est isolé et coupé du Lieutenant Minet et de son camp Richard.
Boghossian envoie une patrouille surveiller les Allemands à Hotonnes et tenter de contacter Minet. Kleber, Gravert et 3 de leurs camarades poussent trop loin cette investigation et se trouvent face aux Allemands qui ouvrent le feu. Kléber est blessé, Travel plus sérieusement. Travel, ramené au camp, est soigné par un médecin emprisonné au camp, il est ensuite ramené chez lui à Chatillon-de-Michaille.
L’après midi, 2 agents de liaison de Minet arrivent au camp et transmettent les ordres de Minet qui chapote les camps de Pré-Carré et Richard: évacuer Pré-Carré, et rallier Saint-Germain-de-Joux puis Echalon.
A la nuit tombée, le gros du camp rejoint une ferme isolée, à 5 km de là et attend le retour de Boghossian. Ils emmènent avec eux 5 prisonniers dont le traître Avon (M. Houizot). Ce dernier profite de l'occasion pour s'échapper, il sévit au coté de Barbie au Petit Abergement le 8 février 44.
Personne parmi ces hommes ne connaît la région. Boghossian revenu, se laisse guidé par un homme du camp Nicole qui se repliait également…., ils sont perdus. Boghossian arrive à repérer sa position: ils sont prés d’Injoux.
Livrés à eux-mêmes, Boghossian décide de diviser le camp en groupes. Le premier regroupant les étrangers au département, commandé par Gravert, Bail et Jeannot, tente de rejoindre avec armes et matériel Pré-Carré, un autre composé de bressans tente de rejoindre Bourg et d’attendre quelques temps dans leurs familles. Les autres essayent de rejoindre individuellement leurs foyers.
Boghossian prend le train à Génissiat le 8 février et va à Bourg. Là, par l’intermédiaire de Jean Coltice, un militant des Mouvements, il participe à une réunion organisée par Benoit, chef de secteur des Dombes où il retrouve Chabot, Maxime et Ravignan.
Les groupes épars dans la montagne sont sauvés par Gache instituteur, chef de l’A.S. de Brénaz qui les ravitaille jusqu’à ce que Boghossian reprenne contact avec eux.
Aprés la blessure du "Père Seigle" et la mort de Schneider, Léon Boghossian assure seul le commandement de ce camp. Le camp éclate, ses 3 sections se dispersent, se perdent. Elles se regroupent enfin et regroupe prés de Giron à la Boucle-la-Loue jusqu’en avril. Le camp Richard du groupement Nord. est tout proche.
Durant la 22è quinzaine de mars, les 2 camps reçoivent la visite de "Romans" chef des Maquis de l'ain et de "Montréal" chef du groupement Nord des Maquis de l'Ain.
Lever des couleurs, prise d'armes et repas pris en commun réconfortent les coeurs.
"Romans" fait du groupe, le Maquis Lorraine, il reste sous l'autorité du successeur de Legrand, le lieutenant aul De Vanssay "Minet", responsable du secteur.
Attaqués lors de l'Opération Korporal de février, qui vise le groupement Sud (Sud de la RN 84), les camp de Maquis Lorraine et Richard, le sont encore lors de l'opération Frühling qui cerne le groupement Nord (Nord de la RN 84), où ils cantonnent début avril 1944.
Le P.C. est averti d'une attaque allemande devant débuter le 8 avril. "Minet" reçoit l'ordre de barrer les routes Giron-Saint-Germain de Joux et Chamfromier-Trébillet. Le camp Lorraine de Boghossian a pour mission de barrer la route Saint-Germain de Joux-Giron et Champfromier-Trébillet et le Maquis Richard de dresser une embuscade sur la RN 84 Lyon-Genéve et de détruire le tunnel ferroviaire de Trébillet.
Au soir du 7 avril, les 2 camps partent en mission, ayant synchronisé leurs actions.
A 5H du matin le 8, le maquis Lorraine fait sauter les sapins qui se couchent en travers de la route et prend position à hauteur de ce barrage. Vers 6 heures les hommes entendent des bruits de mitraille au lointain. Le bruit des mortiers indiquent que "Minet" et ses hommes sont attaqués par les Allemands. Tenant leur position, le camp Lorraine n'apprend que le lendemain la tragédie.
"Minet" et le camp Richard ont pris du retard, des éclaireurs notent que le dispositif allemand au niveau de Trébillet a été renforcé. Le jour pointe et "Minet" reporte les opérations au soir. Son détachement se planque dans la forêt au-dessus de la ligne de chemin de fer et attend, sécurisé par des sentinelles.
A 7H "Minet" abat 2 Allemands qu'ils l'avaient surpris. C'est le début du désastre: "Minet" ordonne à ses hommes de franchir la voie, la route, le pont et de se réfugier dans le bois de Montanges. C'est le carnage, "Minet" remplace au F.M. "Bombardier" qui vient d'être tué, il est blessé par un éclat de mortier, il veut couvrir ses hommes. Économisant ses munitions, couché en travers de la voie, il a le temps de mâcher ses notes, l'officier de Saumur meurt en héros.
Le 21 avril, l'Opération Frühling terminée, sans grand succès pour les Allemands, le Maquis Lorraine reçoit l'ordre d'aller assurer la protection du P.C. de Romans installé provisoirement à la ferme de Mons prés de Saint-Trivier sur Moignans. Le camp st maintenant sous la direction du lieutenant Maurice Colin "Clin", chef de l' A.S. du secteur C8.
Le 28 avril, le P.C. départemental est attaqué à la ferme de Mons par des G.M.R. (groupe mobile de réserve). Au coté de l' A.S. du sous secteur de Saint-Trivier et du Groupe Franc Paul, le Maquis Lorraine contient les assaillants, permettant au P.C. d'évacuer en sécurité la ferme.
Le 30 avril le Maquis Lorraine va cantonner un peu plus au Nord dans les Bois d' Illiat. Là, il est rejoint par le Maquis Naucourt.