Transcription du témoignage manuscrit de Fernand Davenas par Pierre Mercier
Les pointillés.......= illisible
Titre illisible (doc. Déchiré?)
Dimanche matin 12 (ndlr)
1 - Dimanche matin 11 décembre (erreur ndlr) je me promène avec Mégard Roger et Chalon Julien, industriels à Nantua et nous avons effectué par un temps splendide la promenade des crêts de la Roche Merveilleuse, du Mont et descente sur Nantua. Notre conversation …porte sur les évènements actuels et les dangers présents…...notre sujet favori,…..montagne, souvenirs de S.E.S.
L’après midi je me rendais au Palais où la concierge m’apprenait que l’inspecteur de police (Pernet, Pernod?) du commissariat de Bourg avait été enlevé la veille au soir (samedi 11) à l’arrivée du train de Bourg vers 20H45 par plusieurs individus armés et emmené dans une camionnette qui, suivant l’allée de Marronniers s’était dirigée vers Port, au de là sa trace s’était perdue. Il s’agit d’un nouveau (coup du maquis) et cette nouvelle provoquait une certaine stupéfaction dans la ville où…(Pernet, Pernod?) était très connu. Les poursuites immédiatement diligentées n’aboutirent à rien. La soirée du 11 décembre fut calme ainsi que la nuit,
Lundi 13 décembre (ndlr)
et ce n’est que le matin vers 9H qu’un coup de téléphone du commissariat de police d’Oyonnax m’informait que l’inspecteur de police….. (Pernet Pernod?) avait été assassiné rue de Nierme la veille vers 23H30 par plusieurs individus. C’était notre premier crime commis sur un représentant de l’ordre.. Avec Mr Bryon (Marcel) substitut, nous prenons nos dispositions en nous transportant immédiatement, et notre départ fut fixé à 13H15 devant le garage Moderne. Le Dr Mercier, médecin légiste ne pouvant venir au fins d’autopsie, Mr le Dr Meneault chirurgien à Oyonnax fut requis pour cette ……..
A 13H, je rencontrais en me dirigeant au garage, le Dr Mercier, à qui j’exprimais mes regrets de son absence et mes craintes sur l’avenir, il m’approuva. Je ne devais plus le revoir vivant.
Arrivés à Oyonnax à 14H nous nous rendions immédiatement au ...R. où un certain affolement existait parmi le personnel. Je prenais immédiatement la direction de l’enquête après une visite des lieux, et l’audition de 3 témoins. Il était établi que ce malheureux inspecteur avait été abatt…..(déchirure) de chez sa fiancée par 3 bandits qui guettaient sa venue des …...et qui avait mitraillé à bout portant avec des revolvers 6.35 et 7.65, il était atteint d’une vingtaine de balles.
A 15H Mr Papinot, préfet de l’Ain prenait contact avec nous au CR et nous lui exprimions brièvement les données autour de cet assassinat et les dispositions prises pour amener la découverte des coupables qui étaient armés, immédiatement à exécution par les forces de police locales auxquelles devaient s’adjoindre par la suite la PM. d’Annecy et des commissaires de la Police de la Sûreté de Lyon.
Dans le courant de l’après midi, l’avis nous parvenait que la voiture de Mr Le sous Préfet avait été dérobée par des individus armés dans le hall de la Sous Préfecture, emmenant également le chauffeur qui fut retrouvé peu après sur la route de La Cluse à Nantua . Des barrages de police furent immédiatement pris pour contrôler la circulation automobile.
A 19H Notre taxi venant nous prendre les opérations terminées, l’enquête bien que partie avec quelques heures de retard, paraissait en bonne voie, et une piste sérieuse était suivie – arrivé à Nantua, je me rendais auprès du Sous Préfet pour le mettre au courant de ce qui s’était passé à Oyonnax, et je prenais congé de lui lorsque l’inspecteur de Police ….. (Pernet Pernod?) demanda être reçu. Immédiatement introduit, il expliqua son odyssée, comment il avait été amené, interrogé, bien traité et ramené en voiture automobile à Nantua. Il ne put donner aucune précision sur ses agresseurs et le lieu où il avait été transporté.
La journée se finissait mieux, 1 homme sur lequel les inquiétudes les plus fondées, coururent était revenu sain et sauf, il ne s’agissait que de retrouver les ravisseurs de l’Inspecteur ….. (Pernod?), d ‘autant plus que la population indignée s’était rendu compte qu’il s’agissait d’un crime crapuleux, et se retrouvait tout disposée à faciliter notre enquête.
Page 3 ht de page plié, déchirée
Mardi 14 (ndlr)
…...je quittais la maison pour me rendre au tribunal emmenant, par la même occasion mon fils à l’école. Je n’avais pas fait quelques pas rue Docteur Levrat que je vis au carrefour des soldats allemands …….arme sur le dos et aussi de mitraillettes, je pénétrai immédiatement dans la cour de la gendarmerie et je me rendis au bureau des brigades, où les gendarmes me firent connaître que le capitaine Vercher avait été amené par les soldats allemands à la gare de Nantua et que depuis cette heure les Allemands patrouillaient dans les rues de la ville, visitaient les habitations, et faisaient mettre en groupe après les avoir fouillé les hommes de 18 à 50 ans pour les conduire à la gare.
Des armes automatiques étaient placées au carrefour des rues, et la population était invitée à fermer les contrevents donnant sur les rues.
De la gendarmerie je vis plusieurs personnes de ma connaissance emmenées dans ces conditions. Je fis demander par l’adjudant de gendarmerie à un militaire allemand, si en raison de mes fonctions, je pouvais rejoindre le Tribunal, un signe négatif fut donné et je me tins ici, à l’intérieur de la gendarmerie.
Je passais la matinée à voir le spectacle affligeant de femmes dont les maris, fils ou frères avaient été emmenés, l’émotion de la population était intense. Du sommet de l’immeuble, je pus me rendre compte que les bois ou prés entourant la ville étaient occupés militairement et qu’un train composé de wagons de voyageurs et marchandises stationnait en gare.
Les gendarmes pouvaient circuler, j’envoyais l’un d’entre eux voir ce qui se passait à la gare et c’est ainsi que j’appris que dans une salle étaient gardés comme otages Mr Merme (maire), Mr Mandonnet, Président du Tribunal, Mr Allante 1er adjoint, le capitaine Vercher et le Docteur Mercier. Les hommes stationnaient gardés à l’intérieur de la gare, et la plupart d’entre eux étaient embarqués dans les wagons de marchandises, parmi eux se trouvaient Mr Bryon substitut, Mr Vercher, Mr Ravat, Me Mandonnet.
Cette organisation de police menée avec régularité prit fin vers midi trente et j’appris alors par un homme qui avait été relâché, que les hommes de 18 à 40 ans étaient gardés dans les wagons, que les autres avaient été relâchés. C’est ainsi que je vis revenir Mr Mandonnet qui me confirma le fait, que Mr Bryon avait été aussi relâché, Mr Merme (maire de Nantua) également. Seuls, le capitaine
Vercher, Mr Allante 1er adj, le Docteur Mercier étaient retenus comme otages, et emmenés les premiers dans une voiture et le troisième dans une autre voiture.
- Les femmes revenaient de la gare en pleurant, la population ….. à rentrer, craignant une nouvelle rafle.
- Vers 14 heures, je fus prévenu par l’adjudant de gendarmerie que le corps criblés de balles de messieurs Santhonnax 1er adjoint, Maréchal, ancien maire d’Oyonnax, Rochaix industriel avaient été trouvés aux alentours d’Oyonnax. Je donnais l’ordre de les transporter à l’hôpital de cette ville, et je me dirigeais immédiatement à la Préfecture (?) après avoir invité Mr Bryon substitut à m’y rejoindre. Je mis Mr Demay et mme au courant, leur confirmant un coup de téléphone qui venait d’arriver de la Préfecture Régionale. Mr Bérard (?) , interprète d’allemand arriva également. - Quelques instants après Mr Pépinot Préfet arrivait en voiture. Il fut mis au courant par Mr le Préfet (sous préfet?).
A 16H nous partons Bryon et moi pour Oyonnax dans la voiture de la Police Spéciale de Bellegarde, et les renseignements recueillis dès notre arrivée au Commissariat de Police, confirmèrent les auteurs de cette triple fusillade, nous fîmes connaître à Mr le Préfet que après avoir pris l’avis du Parquet Général , qu’il ne nous était pas possible connaître d’ouvrir une informationà Mr le Préfet après avoir pris l’avis du Parquet général d’ouvrir une information, sans abandonner la seule enquête de police – qui fut faite par la gendarmerie. Nous nous rendîmes à l’hôpital voir les corps et nous invitons le Dr Meaneault à nous faire parvenir les certificats médicaux constatant les blessures.
Dans le courant de l‘après midi, une nouvelle atroce m’était parvenue, la découverte du Dr Mercier sur la N. 84 après le village d’Oyonnax (erreur Maillat), mitraillé comme les hommes d’Oyonnax. Cette nouvelle, qui était pour moi une peine personnelle vient accroître encore à l’horreur des heures que nous venions de vivre. La série allait-elle s’arrêter ! Cette journée allait-elle finir ! Je n’osait plus le penser. Le retour fut triste et l’arrivée dans Nantua désolé, poignant de solitude et de détresse.
Cpte rendu à Mr le Président
22H Visite avec Cellier à Mme Mercier, près de son mari à l’hôpital. Retour à la maison.
Mercredi 15 décembre (ndlr)
Le lendemain mercredi 15 décembre, il fallut reprendre le travail ……., l’audience ne put, avoir lieu, l’émotion et la peur touchant encore la plupart des membres du Tribunal et des Officiers ministériels ou avocats.
Dans l’ensemble, la journée se passa calmement, l’affiche apposée fut respectée, et il n’y eu pas de lacération.
Le gros problème était d’éviter des incidents au cours des obsèques du Dr Mercier, qui devait avoir lieu le vendredi suivant.
A 15H, nous fûmes convoqués à la Préfecture (sous?) ainsi que toutes les notabilités de la ville, le sous-préfet nous fit un récit des évènements, nous montra combien la situation était grave car au moindre incident le retour des troupes d’opération était certain. Il ne put qu’en sanglotant finir son exposé, il m’a paru très déprimé, trop même, du reste je ne devais pas le revoir, car le lendemain, il partait en mission.
Cette petite réunion au lieu d’apaiser les esprits n’eut pour effet que les surexciter et les effrayer encore plus sans qu’ aucun motif ne justifiât ce….. outrancier.
Jeudi 16 décembre (ndlr)
La nuit fut absolument calme, mais le lendemain matin, en descendant du domicile de Bryon fatigué, la concierge me fit connaître à 8 heures que les Allemands arrivaient. Je me dirigeais vers le Tribunal sans voir un uniforme feldgrau, et un gendarme me confirmait que c’était un faux bruit provoqué par la présence de 2 gendarmes français en service sur la route de La Cluse à Nantua. Ce fut alors une folie collective, tous les hommes valides s’enfuirent dans la montagne dans des tenues les plus bizarres. En quelques minutes Nantua fut vidé de sa substance masculine.
Je passais toute la journée au Tribunal sans voir personne, Bryon malade, Cellier et Rongier ?
…. Et ...Claude, Mr le Président parti !!l
La terreur régnait dans la ville, le maquis devait descendre venger le Dr Mercier, les allemands allaient revenir, nous étions environnés de gestapo, (ce qui est certain) – Affolement général, l’exode commençait, car tout le monde était convaincus que des crimes allaient être commis.
J’essayais de prendre contact avec le Sous Préfet mais celui-ci était absent en mission quotidienne encore, sur lui courait des accusations précises, il avait fait venir les allemands et du point de vue strictement personnel, il semble qu’il ait eu raison de se mettre à l’abri.
Aucune crainte pour le lendemain pour les obsèques du Dr Mercier, aucune cérémonie religieuse à Nantua, trajet immédiat du corps par l’ambulance à Volognat – attitude admirable de Mme Mercier qui surmontant sa douleur comprenant les nécessités de l’heure .
Je passais au Tribunal pour éviter un déplacement nocturne en cas d’incident – une excellente nuit.
Un ….. escadron (barré) de gardes mobiles était amené dans la nuit, il cantonna au collège qui a été licencié le matin même.
Vendredi 17 décembre (ndlr)
Bryon malade ne peut reprendre son poste et se dispose à partir au Poizat..
Obsèques absolument calme et parfaitement dignes du Dr Mercier – soulagement général bien que la population masculine qui a passé la nuit dans les fermes et les grottes ne soit pas revenue.
- Bonne nouvelle D…….nommé substitut à Lyon.
- ….. le travail et ….. du Parquet.
- Un bruit : le maquis serait venu descendre le milicien Courtois, mais ne l’aurait pas trouvé.
- Cellier rentre à 11 heures absolument affolé des bruits les plus terribles ont couru sur Nantua à Saint-Claude. On disait que c’était la fusillade rangée dans les rues.
Nous passons ensemble la nuit au Tribunal.
Les jours qui suivirent furent calmes
- Bonne nouvelle :un certain nombre de prisonniers avaient réussi à s’échapper., suivi immédiatement d’ un affolement – représailles allemandes, reproches à ces….. d’avoir … par les esprits chagrin….....
- La vie reprend peu à peu.
- La présence ….. rassure.
- Présence de femmes suspectes qui cherchent des renseignements.
D….. revient de Saint-Claude ? Que songer ? Que faut-il que je fasse ?
Mr le Président revient de Lyon, aucune consigne prévue.
- Le travail reprend, les témoins commencent à revenir, mais l’impression de terreur subsiste, elle subsistera longtemps, l’effet recherché est obtenu.