Une affaire éclatait à Nantua.
Un individu avait réquisitionné du vin au nom du Maquis, mais ayant des idées très arrêtées sur l’emploi qui pouvait en être fait, il avait préféré vendre sa récolte au marché noir; ainsi la Résistance servait-elle à quelque chose. L’histoire s’était ébruitée.
Le Maquis n’admit pas une telle escroquerie et demanda des explications. Jurant de son dévouement, le prévenu voulut le prouver et exhiba une photographie: un couple en compagnie d’un Allemand, lequel tenait la dame galamment par le cou. Il fut facile de reconnaître les tenanciers de l’hôtel du Jura où les occupants étaient reçus avec la plus familière hospitalité. Sans instruction, le P.L. (poste de Liaison) décida de leur infliger une correction.

Un beau matin, Annibal et Dedt et quelques-uns de leurs camarades font irruption, revolver au poing à l’hôtel, accusent les propriétaires de collaboration un peu étrange et les font mettre en tenue légère. Une croix gammée est taillée à la tondeuse dans la chevelure du monsieur et d’ autres peintes au goudron (toujours le goudron) sur la poitrine et le dos des époux.(Payan ndlr)

Après un rapide défilé dans la rue principale, une auto les embarque, tremblants sur leur sort, et les dépose à Oyonnax.

C’est…...….lundi, jour de foire. Sous bonne escorte ils défilent dans la rue Anatole-France en ameutant la foule qui accourt aux cris de : «Un matefelonnage!» !
La comédie aurait duré longtemps sans l’intervention du commissaire de police (membre de l’A.S.) qui, jugeant la plaisanterie suffisante, entraîna le couple dans un couloir...