Reprenons la plaquette "De la défaite à la victoire au pays d' Alphonse Baudin" ( Paulette Mercier)

"Le 6 juin ; nous avions attendu ce jour quatre années entières et quelles années ! Nous avions vu partir combien des nôtres avant ce jour «J».

En toute hâte les allemands frétèrent leurs camions et évacuèrent cette région de "terroristes".

Les gendarmes avaient reçu l’ordre de rejoindre Bourg avec armes et bagages. Le Maquis prévenu, arriva en camions et vint « enlever » les gendarmes qui se laissèrent faire une douce violence. Quelle joie de voir ces camions pénétrer en plein jour dans Nantua, ces petits gars bronzés, torse nu, ivres de joie, et qui chantaient en agitant des drapeaux ! .....

Dans la nuit du 7 au 8, notre chef de secteur (Maurice Stiss dit René II ndlr) reçoit l’ordre d’occuper la ville. Des affiches sur les murs proclament l’insurrection. L’A.S. prend position et occupe la Poste, la Mairie et la Sous-préfecture. Lors que la population s’éveille en ce matin du 8 juin, les soldats de l’Armée Secrète montent la garde aux carrefours, mitraillette à la bretelle.
Les collaborateurs notoires sont arrêtés. Les organisations de la Résistance mettent en application le plan prévu pour le jour « J ».

« La République est proclamée à Nantua ».
Notre Sous-Préfet est en joie. Il adhère avec enthousiasme à la IVème République, et une manifestation officielle est organisée pour sa proclamation. La population se masse devant la Sous-préfecture. Le Capitaine Romans apparaît au balcon, aux coté du Sous-préfet et des membres de la Résistance. Une main émue (celle de Mme Mercier ndlr) hisse les trois couleurs qui montent lentement, et l’étendard à la Croix de Lorraine se déploie dans le ciel.....une Marseillaise spontanée monte vers le drapeau. Le groupe forestier, un groupe de Maquis, le Corps Franc de l’A.S., présentent les armes.
Un cortège se forme et se dirige vers le Monument aux Morts. Une minute de silence recueilli, est observée.....Nous vibrons tous de la même émotion.

La ville était administrée par le directoire municipal installé le premier jour. Le personnel des administrations, à l’exception de deux collaborateurs, resta en place et se montra très dévoué. Il consigna même le mariage d’un jeune FFI, le 1er juillet 1944. Cette cérémonie a certainement été unique en France. Les jeunes époux (Julien Lacraz, agent de liaison du P.C. et Luisa Marcos-Vellaz, réfugiée espagnole, un temps logée à la prison, ndlr) furent félicités par Romans et Xavier et les membres du Directoire de Nantua.

Tous les actes du Directoire portaient le sceau retrouvé de la République Française. De nouvelles cartes d’alimentation portant la marque « FFI »étaient imprimées et distribuées.

Le personnel des P.T.T. se montra très dévoué. Le téléphone fonctionnait parfaitement, d’une extrémité à l’autre du territoire libéré.

Les blessés étaient nombreux, hélas, car les escarmouches ne cessaient pas. Ils étaient soignés à l’Hôpital et la population les gâtait. Les dames de la Résistance les visitaient régulièrement, et assuraient un service d’assistance au prés des familles de déportés résistants.

Les camions F.F.I. sillonnaient les routes et effectuaient des incursions et des coups de main réussis en zone contrôlée par les Allemands."