Le soir du 11 juillet, le camp Roland part en renfort sur les rochers au-dessus de Thoirette, une colonne allemande est annoncée venant d’Arinthod. Le pont de Thoirette a été détruit partiellement par l’O.R.A. (Organisation de la Résistance Armée).

Le 12 au matin la colonne allemande venue d’Arinthod se regroupe dans la descente en amont de Thoirette.
La bataille et rude, mais les différents camps de F.F.I. retiennent les Allemands sur la rive droite de l’Ain.
Derrière un véhicule blindé, une mitrailleuse légère allemande arrose les crêtes où sont postés les F.F.I.. sur la rive gauche. Il y a là, le camp Jo, le groupe Antoine et d’autres.
Roland n’a pas pu rejoindre Jo à Coiselet, le barrage sur la Bienne a cédé, Lavancia brûle, les Allemands sont peut-être déjà à Dortan. Roland est inquiet, il veut se rendre compte de la situation à Nantua, il enfourche sa moto et la mitraillette en bandoulière, il s’éloigne.

Au de-là de la plaine d’Izernore, des fumées noircissent le ciel au-dessus de Béard, les barrages sur la RN 84 Lyon-Nantua ont du céder. L’étau se resserre, l’hôtel Michaillard d’Izernore est en feu.
Il apparaît que les Allemands ont pu traverser la rivière d’Ain en aval de Thoirette et tentent de contourner les groupes de F.F.I. qui se battent encore à 18H.
Siméon qui attend le retour de Roland donne l’ordre de décrocher.
C’est le repli, les F.F.I. descendus des crêtes à Matfelon, peuvent s’échapper par Samognat, traverser Oyonnax avant l’arrivée des Allemands et se replier à Belleydoux où des sections du camp Roland peuvent dormir écrasés de fatigue.

Paul Vuitton, 11 ans, était adolescent à l’époque du drame. Il se souvient que les maquisards de l’Ain étaient omniprésents de chaque côté de la rivière d’Ain, harcelant les troupes allemandes. Celles-ci les recherchaient activement, fouillant et pillant les maisons. Comme Paul Vuitton et sa mère, la population, sentant le danger, cherchait refuge à Turgon, parcourant un sentier à travers les vignes. Le même sentier, à peine carrossable, que l’ennemi, venu de Lons-le-Saunier et positionné au four à chaux, où il tuera deux hommes, empruntera pour descendre à Thoirette. Les armes crépitent de part et d’autre. Deux jeunes maquisards du Bugey, postés sur un mamelon derrière la fromagerie de Port, sont tués par les Allemands abrités dans la maison Clavel en face de l’hôtel du Pont. Pour freiner l’avance des Allemands, les maquisards feront sauter le pont enjambant l’Ain. Mais ils ne réussissent que partiellement cette opération, un passage d’environ 1,50 mètre autorisait le passage des deux roues ou des piétons.

Une répression terrible:
Les officiers allemands s’installent à l’hôtel des Messageries. N’obtenant pas les renseignements qu’ils souhaitaient, la répression fut terrible.
Ils fusillent six hommes ou femmes, enverront deux hommes en déportation, brûler sept habitations, dont l’hôtel du Pont et la gendarmerie le 13 juillet.
L’hôtel du Pont, qui était la propriété des parents de Paul Vuitton, a ensuite été reconstruit à l’identique. Adulte, Paul Vuitton y a également travaillé.

Les Allemands traversent ensuite l’Ain sur des radeaux et continuent leurs exactions au hameau de Port, à Matafelon, qu’ils brûlent. Ils continuent à Dortan qu’ils brûlent le 21 juillet. Le maire Émile Verchère est contraint de faire rentrer les habitants au village pour éviter qu’ils ne continuent à brûler les maisons. L’instituteur Marcel Bertrand échappe de peu à la mort car ils ont trouvé la Marseillaise et une croix de Lorraine dans sa classe, l’accusant de collaborer avec les « terroristes » (car c’est ainsi qu’ils appelaient les maquisards). Ce ne sont que quelques souvenirs car les enfants devaient se cacher, eux aussi étant menacés.