Le 12 février 1944, Jacques Godon, du haut de l’insouciance de ses 17 ans, était en train de skier sur une colline qui surplombe Fontaine-Baron avec ses copains et copines du village. Alertés par un bruit de chenillettes et le ronflement des camions, les jeunes gens vont rapidement prendre la fuite.
Malgré ces précautions, l’adolescent qui va prendre les raccourcis en traversant notamment la cuisine du restaurant du père Bouquet, repris par la suite par la famille Perillat, va se faire ramasser par les Allemands, déployés dans Génissiat. Regroupé avec d’autres habitants du village, il va devoir décliner son identité et fournir ses papiers. C’est alors que Germaine, 22 ans, remontée précipitamment du barrage où elle travaillait comme assistante sociale, va faire preuve d’un remarquable sang froid en plaidant la cause du collégien au milicien de service, qui faisait le lien avec les autorités allemandes.
« Je l’ai supplié de le laisser tranquille », raconte Germaine. Le collégien était par ailleurs élève au cours complémentaire de Bellegarde. « Je me souviens encore de la veste en peau de mouton que portrait le milicien », ajoute Jacques Godon. « Mon copain Stevo Pupovac, va subir le même sort que moi et il faudra toute la persuasion de Germaine pour le sortir de ce mauvais pas. Par la suite, nous nous sommes réunis tous les ans notamment avec les anciens du barrage. »
Avec Germaine, séparés l’un et l’autre par les aléas de la vie, ils se sont retrouvés des années plus tard. Et sont tombés dans les bras l’un de l’autre. « Je ne l’avais jamais oubliée », a confié Jacques. Le couple a ensuite décidé d’aller vivre ensemble en Alsace. « Nous avons l’un et l’autre beaucoup voyagé mais Génissiat fait partie à part entière de notre existence. »
Trois ouvriers, Miric Mirko, Mohammed Benzouad et Charles Spreafico, qui sortait de chez le coiffeur, ne comprennent pas les ordres. Ils seront fusillés sur place.
62 personnes innocentes seront arrêtées, 34 seront déportées dans les camps autrichiens, 13 seulement en reviendront vivantes », rappelle l’édile.