TÉMOIGNAGE DE Mme Paulette MERCIER
A travers sont symbolisme transcendant, le monument du val d’enfer nous rappelle l’impérieuse obligation de lutter contre toute forme d’oppression, de racisme.
Bien que ce magnifique mémorial soit érigé dans notre site sauvage, des familles de chez nous mirent en application ces maxime tout simplement, tout naturellement, avec une grande discrétion, puisque cinquante ans plus tard, cet engagement reste peu connu.
Isolé entre Labalme sur Cerdon et Vieu d’Izenave, le domaine du Sappel appartenant à l’époque à Mr DE BOISSIEU, était exploité par des fermiers d’origine Suisse, les familles JACQUARD et DUPEYREIX.
Pendant la période 1942/44 le pasteur Roland de PURY natif de Neuchâtel, qui exerçait son ministère à Lyon, fut l’un des membres actif de l’O.S.E. « organisation de secours des enfants israélites ».
Afin d’établir une filière pour mettre les enfants en sécurité dans son pays, il avait pris contact avec la famille JACQUARD par l’intermédiaire de Mme MERCIER.
Le Sappel isolé dans une zone montagneuse et forestière, à mi distance entre LYON et GENÈVE, offrait en effet un lieu de transite et de séjour idéal pour cette période de « chasse aux juifs » mené par la gestapo et la milice.
Ce contact avait été facilité du fait que ces deux familles étaient d’origine Suisse comme lui, et par la pastorale célébrée au domicile de Mme MERCIER.
Cette filière-enfant, sous la responsabilité de Mr JACQUARD, père de l’épouse de Mr MONNEY, avait comme maillon principal dans la région, Mme MERCIER, qui conjointement à son mari fit partie des premiers résistants de notre secteur.
Elle permit de mettre en sécurité de nombreux israélites, notamment un groupe de douze enfants, qui après un court transit au Sappel franchirent la frontière clandestinement prés de Prevessin grâce à une aide apportée par la famille FONJALLAZ, le convoyage avait été assuré par Mr MONNEY.
Parallèlement à ce retour des enfants vers la Suisse, le Sappel servi de cache à plusieurs familles, parmi celles-ci, Mme MERCIER et Mr MONNEY m’ont signalé trois fillettes de 8 et 14 ans, Sophie et Rachèle MARKOWITZ, Fanny KRINBERT, ainsi qu’Hélène SISMANN et sa mère.
Le Dr KRYZKOWSKI et son épouse étaient cachés chez la famille DUPEYREX. (Le frère du Dr, qui était dans la résistance, repose au val c’enfer).
Un autre israélite, sous le pseudonyme de Maurice RAMON séjourna longuement au Sappel, et revint dans les années 50 remercier Mme MONNEY.
Le Dr LE TESSIER de Jujurieux fut sollicité pour prodiguer des soins à ces clandestins auxquels s’était joint deux réfractaires du S.T.O. comme André MONNEY, Joseph LINGOT et Laurent CURBILLON de Cerdon.