Grand-Corent , Racouze
Bien renseignée, une colonne arrive à Grand-Corent le 16 Avril 1944. Les Allemands y arrêtent le Maire, Monsieur Henri DONDE; ils lui reprochent de n’avoir pas signalé le séjour du Maquis dans la commune. Sans avoir pu répondre, le malheureux est giflé violemment, puis fusillé.
Sa maison est incendiée (une stèle bordée de deux ifs fut élevée à sa Mémoire à proximité de la bascule du village. La colonne barbare se dirige ensuite sur le hameau de Racouse dont une partie de la population a fui.
Hélas pas toute ! Alors que les boutefeux jettent partout des grenades incendiaires, les officiers commandant la colonne, interrogent sommairement Ernest SALVIT, cinquante-quatre ans, ancien prisonnier de 14-18.
Il est accusé d’avoir son fils au Maquis.
“Vous abritez des terroristes. Nous allons vous fusiller”. Crânement, cet ardent patriote leur fait face et tente de nier en déclarant que son fils travaille en Allemagne. Il est immédiatement abattu sous les yeux horrifiés de sa femme et de sa fille, alors que sa maison brûle.
C’est tout juste si permission sera donnée à cette dernière de retirer le corps de son père hors de la zone où tombent des brandons enflammés.
Plus bas dans le village, un autre drame se déroule. Paul VOISEL, vieillard chassé de sa maison que l’on a incendiée, pense soudain qu’il a quelques économies, oh ! bien modestes, dans une armoire. Malgré les flammes qui menacent, il rentre chez lui sans que les Allemands le retiennent et soudain la toiture rongée par les flammes s’effondre.
Le malheureux n’est jamais revenu.
Quelques instants plus tard, Racouze n’est plus qu’un amas de décombres fumants. Tout le hameau a brûlé, à l’exception d’une ou deux maisons.
Les incendiaires prennent le chemin d’autres atrocités, laissant derrière eux une population atterrée, serrant les poings de rage et de désespoir. Un autre habitant, Marcel Nosenzo, âgé de 21 ans, est arrêté et déporté à Buchenwald, puis Dora, enfin Wieda (Allemagne); Il est rentré.