“Origine : Novembre 1942 : installation à Prémanon, au lieu-dit « le Mont Fier », dans un chalet appartenant au diocèse de la ville d’Autun, de 5 résistants de la région lyonnaise traqués par la Gestapo, exfiltrés par leur A.S.. Leur chef est Lucien Margaine, secondé par son ami lyonnais Pierre Albalate.
Soutien populaire : Début 1943 ce groupe dépasse la quinzaine. Son ravitaillement est assuré par les cultivateurs des alentours, le boulanger de Lamoura, Charles Gruet-Masson (secondé par son frère Georges), le fromager en gros Jean Grosfilley (et sa famille) de Saint Claude ainsi, bien sûr, que par « la Fraternelle » de Saint Claude. Le curé des Rousses, Barthelet, le facteur Pierre Guillaume, Claudius Chevassus des Jacobey, … sont également de solides soutiens.
Extension & Organisation : Le groupe s’étoffe rapidement, surtout après les événements survenus à Saint Claude. (à Saint Claude : 13 mars : manifestation des femmes contre le S.T.O. 14 mars, manifestation musclée contre la Milice. La répression qui s’en suit pousse de nombreux jeunes menacés à gagner le maquis, et à rejoindre la Résistance, dans le Jura ou en Savoie).
Le camp doit s’organiser. Trois sections sont mises sur pied : la section Pierrot (Pierre Albalate), section de commandement cantonnée au « Mont Fier », les sections Harry et Henriot installées aux Tuffes. Tous sont dans des chalets à l’abri des forêts de résineux du Haut Jura. La croissance des effectifs oblige à se procurer du ravitaillement à l’extérieur de la région. Des produits du Bas-Jura et du Revermont (farine, pommes de terre, …), fournis par des cultivateurs sympathisants, sont transportés bénévolement par les camions de l’entreprise Lacroix de Lons le Saunier. Un camion (gazogène) « réquisitionné » dans la région lyonnaise permet au groupe de mener un coup de main fructueux en gare de la préfecture (crème de gruyère), et de constituer un stock de viande de porc salé dans un chalet. Deux magasins de chantiers de jeunesse, à Bourg et à Crotenay, sont visités et les tenues vestimentaires confisquées permettront au groupe d’affronter les frimas du Haut-Jura.
Mais l’armement fait cruellement défaut à ce groupe relevant de l’A.S. départementale. La visite positive du camp par son responsable (le commandant Foucaud) accompagné d’un agent anglais permet une première attribution d’armes. Le maquis devient enfin efficient et multiplie ses opérations contre l’ennemi.
Les menaces : 1ère victime : fin août 1943, un maquisard de la section Harry est grièvement blessé par une patrouille allemande. Le matin du 26 octobre une compagnie allemande s’arrête à Prémanon. Le maquis est sauvé par l’initiative du jeune fils du facteur, qui court le prévenir. Une embuscade tendue par Margaine blesse un motocycliste et détruit un camion allemand. En représailles, 12 civils seront arrêtés et purgeront plus de 2 mois d’internement à Besançon.
L’attaque et la dislocation du maquis. A l’origine, la trahison d’un ancien « maquisard » originaire de Normandie, R.Clavière, qui, spontanément dénonce le groupe. Sur les indications de Clavière, la Gestapo appuyée par des troupes de montagne allemandes, (au total environ 600 hommes), arrive à Lamoura qui est encerclé le 18 décembre 1943. Le boulanger, Charles Gruet-Masson, dénoncé par le traître, doit, sous la contrainte et la violence, diriger les troupes vers les installations des maquisards. Il paiera de sa vie (avec son frère Georges et un jeune lyonnais raflé à Lamoura, Albert Massièra), d’avoir volontairement égaré les Allemands, permettant aux maquisards de lever le camp. Le pillage du chalet (dans lequel les résistants entreposaient leurs vivres) par les soudards leur fait perdre un temps précieux, temps utilisé par les maquisards pour se replier dans la Forêt du Massacre . Quand les Allemands entreprennent, vers 8 heures du matin, un combat très inégal entre 600 hommes puissamment armés et quelque 80 maquisards insuffisamment armés, il est trop tard pour décimer des Résistants dont la plupart pourront gagner la Suisse où, arrêtés par les douaniers suisses, ils seront incarcérés, mais sauvés.
Cependant, au cours du combat, protégeant leur repli, deux maquisards trouveront la mort : Louis Brunel et Simon Monnet. Une troisième victime, Lèon Grenard, un vieillard qui, malencontreusement, se trouvait sur le passage de la troupe allemande, fut fusillé sur le champ.
Le forfait de Clavière ne s’arrêta pas là. Il dénonça Claudius Chevassus ainsi que Jean Grosfilley. Le premier mourut en déportation, le second, dont la maison fut incendiée le 23 décembre, fut également déporté, et, s’il rentra des camps, les séquelles de sa déportation l’emportèrent rapidement.
Quant au traître Claviere, jugé à la libération, il reconnut sans hésitation sa forfaiture. Il fut condamné à mort, puis libéré, par recours en grâce, après 5 ans d’internement à la centrale de Clairvaux.”.