Une réunion a lieu en août, au buffet de la gare à Bourg, sous la responsabilité de Didier Chambonnet, adjoint au chef régional A.S. Sont présents : Henri Petit, Bob Fornier, René Greuzard, président départemental des M.UR., Marcel Gagneux chargé des secteurs A.S. , Bob fournier conserve la direction de l’A.S.
Henri Petit est chargé de réorganiser les groupes de Réfractaires, dispersés dans le département, sous son autorité. Il doit leur trouver un encadrement. Il a donc la responsabilité du « Maquis ». Henri Petit devient Romans, le capitaine Romans car il reprend son grade de capitaine de réserve. La rencontre de Didier (Chambonnet) avec Romans est essentielle.
Didier devient chef régional de l’A.S. après l’arrestation de Robert Ducasse Vergaville le 19 octobre 43, à Villieu-Loyes dans l’Ain. Didier apporte un soutien constant à Romans. Fort de cet adoubement, Romans prend le contrôle de tous les camps. La situation est claire. Le capitaine Romans commande les maquis comme les A.S. de secteurs, dès l’automne 1943. Un seul camp lui échappe, le camp du 1er Bataillon FTP de Cribeillet. L’encadrement militaire de ces jeunes recrues apparait, au Capitaine Romans comme une nécessité absolue. Il rencontre à Brénod, le 15 juillet 1943, deux responsables de l’A.S.d’Oyonnax: Gabriel Jeanjacquot et Elie Deschamp. Ils se mettent spontanément à son service.
Fin juillet 1943, Elie Deschamp adresse à Romans un de ses anciens élèves, lieutenant de Tirailleurs algériens : Noël Perrottot qui est bloqué par l’invasion de la zone SUD. Ne pouvant rejoindre l’Afrique du Nord, il piaffe d’impatience de poursuivre la lutte d’une forme ou d’une autre. Dés lors, sous le nom de Montréal , il devient un des adjoints de Romans, avec Pierre Marcault Marco.
Henri Girousse, Saint-cyrien, officier de chasseurs alpins, puis des tirailleurs marocains était lui aussi bloqué en Métropole par les évènements. Lucien Chevrier, hôtelier à La Cluse le met en rapport fin aout 1943 avec Romans. Tout heureux de rompre son inaction, il devient Chabot. Chabot rencontre peu de temps après, à Bourg en Bresse, un camarade de promotion de Saint-Cyr : de Lassus de Saint-Genies. Constatant leur communauté de vue sur les évènements, ils s’ouvrent mutuellement…
Photo Peu après, le lieutenant de Lassus (photo) offre ses services au capitaine Romans. Elie Deschamp, que nous avons vu rencontrer Romans à Brénod en juillet 1943, contrôle les A.S. de l’Ouest du département en janvier 1944. Romans officialise cet état de fait, en janvier 1944, en le nommant chef du groupement Ouest, à l’égal de Chabot et Montréal respectivement pour les groupements Sud et Nord. Photo Il est secondé par un jeune officier de carrière : Maurice Colin Clin, chargé de la formation des sédentaires A.S. Romans est un militaire, à l’âme d’un guérillero. Il est chef de bandes, recherche l’efficacité. Il s’affranchit progressivement des réunions « des politiques » du bureau des M.U.R. et du C.D.L.. Il passe au-dessus de son responsable Bob Fornier, pour ne reconnaître que l’autorité de la direction régionale du Service Maquis.
Les contacts de Romans à la direction régionale Maquis sont Duvernois et Dunoir, ils apparaissent dans l’Ain plusieurs fois. Il s’affranchit, en partie, de cette dernière début 1944, en s’appuyant sur la Mission Interalliée. Les rapports entre Romans et les Résistants « politiques » départementaux de Bourg se sont aggravés. Le Comité De Libération (CDL), regroupe les M.U.R., les représentants syndicaux, et les représentants des partis socialiste et communiste. Il reproche à Romans sa totale insoumission; le chef du Maquis rétorque que le CDL ne lui a apporté aucun soutien. Ce conflit est né dès le défilé du Maquis le onze novembre 1943 à Oyonnax, organisé par Romans seul, mais avec la présence et l’appui du Service Maquis de l’Etat Major régional de Lyon.
Convoqué par le CDL le mardi 9 mai 1944, Romans répond qu’il souhaite que l’Etat Major régional de Lyon soit représenté. Et suggère le 13 mai, comme date de la réunion. Absent à la réunion du 13 mai, Romans est démissionné et le CDL demande à la région son remplacement. Les dirigeants de Lyon tranchent en faveur de Romans. Ils lui avaient témoigné déjà leur confiance en lui donnant la responsabilité des camps du Haut-jura en avril 1944, à la mort de Vallin. Témoin cette note du 21 mai adressée par Didier Chambonnet. « Je tiens comme nulle et non avenue la note du C.D.L. (comité De Libération) départemental que vous m’avez transmise. Il est inadmissible que cet organisme saisisse le prétexte d’une réunion manquée pour prendre une décision qui ne relève pas de sa compétence, en s’appuyant sur une démission qui a été refusée. Etant donné que dans ce conflit qui s’est élevé entre le C.D.L. de Citron (code pour l’Ain) et vous-même, votre attitude a été conforme aux ordres que vous avez reçus, que votre fidélité à la ligne politique de la Résistance est confirmée par la confiance que les éléments civils sains du département ont en vous, et qu’en outre vous avez fait du département un bel exemple de combat, et un exemple pour tous, je considère qu’à mon égard il n’y a rien de changé dans le commandement militaire du territoire et que vous devez exécuter toutes les missions qui rentrent dans le cadre des services généraux, sans tenir aucun compte de l’interdiction mentionnée sur la résolution du Comité.
C’est dans ce sens que le C.D.L. régional réglera la question, en apportant les modifications utiles à la constitution de l’organisme politique responsable de votre département. Bien cordialement, Arnold » Les tentatives de conciliation menées par Alban Vistel ayant échouées, Didier Chambonnet destitue le bureau départemental des M.U.R. le 7 juin 1944. Maurice Morrier (Plutarque) est nommé chef départemental des M.U.R, il a comme adjoint Philippe, responsable des F.U.J. qui lui-même s’entend très mal avec le C.D.L. Le débarquement a eu lieu la veille…….
Dès lors, Romans est le chef incontesté des forces F.F.I. de l’Ain et du Haut-Jura, même si Cribeillet, Grillon et son 1er Bataillon F.T.P reste autonome dans le Revermont. Dans cette période troublée, d’autres bataillons FT.P. sont levés à Oyonnax et à Bellegarde au lendemain du débarquement. Le courage de ces hommes ne peut couvrir leur inexpérience du combat. Son aura, sa capacité d’entraîner les hommes et les femmes dans son action, fait le reste. Les AS des secteurs et locales adhèrent à son action, plus enthousiasmante que la simple distribution de tracts. Si bien que lorsque les « politiques » demandent des comptes à Romans et l’arrêtent en septembre 1944 pour « usurpation de fonction de Sous-préfet » tous les FFI sont prêts à marcher sur la prison Saint-Paul, à Lyon. Il est relâché trois semaines plus tard. Ils ont aussi intimé l’ordre à Xavier et Paul de quitter le pays. Quelle ingratitude envers Romans, envers les britanniques ; ils ont été, dans l’Ain et le Haut-Jura, les fers de lance de cette lutte contre les forces d’occupation et leurs sbires de Vichy. Le Capitaine Romans est fait « Compagnon de la Libération ».