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Ce patriote est Mr Alexandre Sengissen, vendeur de meubles qui s’attire le courroux de jeunes lycéens pétainistes récemment constitués en Milice patriotique, participant à la manifestation officielle. Ils font tomber à l’aide d’une perche, cet objet de provocation: bonbonne en forme de casque dans laquelle sont plantés deux petits pavillons anglais et français entrecroisés.
Le journal collaborationniste Gringoire se fait l’écho outré de ce fait divers à la suite de l’envoi d’une lettre anonyme (des lycéens) le 22 juin 1941 au directeur du journal.
Sous le titre « L’impudent pavoiseur », voici comment cette feuille collaborationniste relate cet « événement » :
“Dans une petite ville de l’Ain, connue pour la beauté de son site et la façon d’accommoder les écrevisses, un commerçant veut fêter à sa façon la Sainte de la Patrie.
Le jour venu, il arbore les couleurs gaullistes et anglaises. Peu lui chante que les Anglais aient brûlé notre héroïne et que De Gaulle trahisse son pays chaque jour davantage.
Mais un groupe de scouts (phalange patriotique du Lycée, emmenée par Roland Ruet ndlr) survient et aperçoit les emblèmes séditieux, pris d’une juste indignation a tôt fait de les arracher pour les mettre en lieu sûr.
L’incident est clos sans doute mais notre ardent gaulliste qui en fait de combat n’a jamais connu que ceux de la belote rumine sa vengeance.
D’un ami complaisant, il reçoit une lettre d’insulte. Plainte s’en suit. Notre maréchaussée toute à sa dévotion va quérir un à un, dûment escortés de gendarmes les auteurs (les lycéens ndlr) présumés de la missive.
A la gendarmerie un gradé courroucé les abreuve d’injures et leur promet le châtiment mérité de leur forfait le jour prochain où le Front Populaire reviendra au pouvoir.
Nous espérons que malgré l’intervention pressant des F.M. (francs-maçons ndlr) puissants et gaullistes notoires, l’impudent pavoiseur recevra le juste salaire de son incongruité envers notre héroïne nationale.
Nous espérons que la maréchaussée recevra de fermes directives pour faire respecter à l’avenir les consignes du Maréchal de France, chef de l’État et fera preuve de minimum de loyalisme.
Enfin nous espérons surtout que nos jeunes scouts qui en cette occasion ont si bien pensé et agi français recevront un témoignage officiel de satisfaction.”
Alexandre Sengissen, dénoncé est arrêté le 13 février 1944 lors de l’opération allemande Frühling alors qu’il est en soin à l’hôpital. Il croupit dans une cellule de Montluc jusqu’au 21 aout, où il est libéré, échappant au massacre de Saint-Genis Laval et de Bron.